Dès son arrivée en Martinique en 1972 en tant qu’architecte Volontaire à l’Aide Technique, Jérôme Nouel, fort d’une solide expérience européenne de la course au large et de la croisière achète un petit voilier (un Sylphe de 6,20m) qu’il base dans la baie des Flamands.
Un coup d’œil sur les cartes marines l’amène à constater que la côte-au-vent de l’île doit offrir de magnifiques mouillages et un vent constant pour les explorer à la voile.
Mais pourquoi les quelques voiliers naviguant à cette époque restent-ils sous-le-vent ?
Réponse : les plaisanciers locaux interrogés lui décrivent le nord-est de la Martinique comme une aire de navigation dangereuse réservée à quelques pêcheurs.
Après des repérages depuis la terre, Jérôme, aidé par sa femme Nicole, va explorer de façon systématique toutes les passes et les baies de cette côte, sondant les zones ignorées par les cartes marines avec une simple sonde à la main.
Ils y rencontrent les dernières yoles pêchant à la voile, les derniers radeaux propulsés à la perche au-dessus des cayes.
A l’époque, il n’y a aucun balisage en dehors de quelques piquets mis en place par les pêcheurs, ou les békés qui fréquentent les îlets.
Jérôme repère des alignements pour franchir les passes qu’il illustre par de croquis et des notes.
Il reproduit ces instructions et conseils avec le matériel de son agence d’architecte à destination des amis navigateurs qui veulent découvrir cette partie de l’île à la voile où les cayes affleurantes foisonnent.
Vers 1980, les polycopiés du départ deviennent un petit classeur sponsorisé par les rhums Trois-Rivières qui va concerner l’ensemble des côtes de l’île.
En effet, force est de constater que la Martinique est une exception dans la Caraïbe, en offrant quantité de mouillages accessibles à la voile sur toute sa périphérie, ce dont sont dépourvues par exemple ses deux voisines Sainte-Lucie et la Dominique.
Jérôme touche ses droits d’auteur sous la forme de 2 tonneaux de 220 litres de rhum qui régalent ses visiteurs pendant quelques années.
Quand en 2000 Trois-Rivières met fin au contrat, Jérôme reprend la publication à compte d’auteur avec des cartes encore dessinées à la main. La reproduction se fait péniblement à la photocopieuse et la vente confidentielle est gérée par le “bouche à oreille”.
Devant le succès de cet ouvrage unique en son genre qui reste toujours à l’aube du 21ème siècle le seul guide décrivant plus de 120 mouillages autour de la Martinique agrémenté de toutes les recommandations pour les aborder, Jérôme se résout en 2005 à investir dans une publication plus professionnelle.
Il loue un petit avion pour réaliser des photos aériennes de l’entrée de chaque mouillage, il fait redessiner des cartes précises en couleur par un cartographe de l’UAG et il ajoute des généralités sur les conditions de navigation, la météorologie locale, la réglementation en vigueur, le balisage ainsi que ce qu’un navigateur peut découvrir de l’île depuis chaque mouillage : sites historiques, chemins de randonnée, visite des fonds sous-marins, sans compter la liste des services qu’on peut y trouver.
Ce Guide Nautique de la Martinique est un investissement de départ non négligeable. Il est imprimé en mille exemplaires tous les 5 ans par une très bonne imprimerie locale.
On le retrouve en vente pour 55€ environ à la grande librairie Cultura (Z.I. Californie au Lamentin) et chez les Shipchandlers (Sea Service à Fort-de-France ; Le Ship, Caraïbe Marine et Clipper Ship au Marin).
Il est régulièrement actualisé par une feuille de mise à jour répertoriant les corrections et compléments.
Sa dernière édition en 2015, reste toujours l’ouvrage de référence pour découvrir la Martinique depuis la mer et depuis un bateau à voile et n’a toujours pas de concurrent, les autres guides nautiques ne traitant la Martinique que sommairement au milieu des autres îles caribéennes.
Evidemment, le Guide Nautique de la Martinique n’est pas destiné à remplacer les ouvrages et cartes officielles publiées par le Services Hydrographiques de la Marine qu’il est indispensable d’avoir à bord pour une navigation à la voile, mais il apporte une aide précieuse à la découverte des richesses de l’île.
Les amis plaisanciers locaux de Jérôme ont craint que cet ouvrage amène une foule de bateaux à voile sur la côte-au-vent, gâchant leur petit coin de paradis.
Mais curieusement, contrairement à la côte-au-vent, le nombre de voiliers n’a pas trop augmenté.
Depuis donc presque 50 années, ce guide a donné satisfaction à grand nombre de navigateurs locaux ou de bateaux de visiteurs. Jérôme n’a reçu que compliments et remerciements, ce qui est exceptionnel dans un milieu souvent porté à la critique.
Considéré comme un spécialiste du coin, Jérôme est parfois sollicité par des journalistes de revues spécialisées comme Voiles et Voiliers et Voile Magazine pour les emmener faire un reportage sur la magnifique côte-au-vent de la Martinique.
De beaux articles renforcent la réputation de la Martinique d’être un des plus beaux “spot” de navigation de la Caraïbe.
Pour la rédaction de cet ouvrage, Jérôme Nouel a été en 2021 nommé Chevalier de l’Ordre du Mérite Maritime par madame la Ministre de la Mer.
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Dénébola, Plaisirs Nautiques
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